Ni medium ni gourou, je suis un être humain comme les autres qui se posait des questions sur le pourquoi du comment. J'ai été séduit par la théorie de la réincarnation, mais comme je ne crois que ce que je vois, j'ai décidé d'aller moi-même explorer mes vies antérieures, « pour voir ». Et ce que j'ai découvert m'a définitivement convaincu. Aujourd'hui je continue d'explorer mes vies antérieures, par des régressions comme on appelle ça, et je reconstitue petit à petit le parcours de mon âme à travers les âges. J'ai élargi mon champ d'intérêt à tout ce qui est en lien avec la réincarnation, principalement les domaines de l'esprit et de l'inexplicable, et aussi l'histoire et l'archéologie.

A travers ce blog j'espère apporter un peu de réponses à ceux qui en cherchent encore. Mais surtout ne me croyez pas sur parole, faites vous-même l'expérience ! Ma méthode de régression dans les vies passées est dispo pour tous: voir l'article 9- vos vies passées. Mais prenez le temps de lire les articles précédents avant toute chose. Il vaut mieux savoir de quoi il s'agit et être complètement informé avant de se lancer.

Vous pouvez lire les articles comme vous le souhaitez. Mais le mieux est quand même de les lire dans l'ordre chronologique, je les ai numérotés à cet effet. Aidez-vous du menu.

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23- la guérisseuse africaine, les mystères de la mort

 Je vais rester dans la continuité de l'article précédent, où je disais que je souhaitais explorer ce qui se passait entre les vies, après la mort et avant la naissance. Mais je n'ai pas encore assez d'informations sur cette période plus ou moins longue entre deux incarnations, avant que l'âme ne revienne prendre un corps de chair sur Terre. Je décide donc de m'attarder plutôt sur les moments de transition que sont la naissance et la mort. Car sur ces points précis, par contre, j'ai eu des souvenirs assez parlants. J'ai évoqué précédemment ce que j'avais vu sur la naissance, et les instants difficiles, le parcours du combattant que vit à ce moment-là le nouveau-né. J'avais montré aussi que les traumatismes vécus à l'instant de la naissance pouvaient rester ancrés et impacter toute une vie, voire même plus loin et se manifester sur plusieurs vies.
Cette fois je vais aller à l'autre bout de l'existence terrestre et essayer de comprendre ce qui se passe au moment de la mort. J'ai fait des régressions exprès pour essayer de comprendre cet instant très particulier. Je l'ai revécu pour trois de mes vies antérieures : d'abord celle de Giovanni Castrioto dans l'Italie de la Renaissance et j'en ai déjà un peu parlé, ensuite celle que j'ai vécue en Afrique dans la peau d'une femme, et enfin celle d'un guerrier de type mongol, celui qui pratiquait les arts martiaux, souvenez-vous. En ce qui concerne le guerrier mongol et Castrioto je ne parlerai que du moment de leur mort, car j'ai déjà développé la vie de l'alchimiste italien dans un précédent article, et je détaillerai plus largement celle du guerrier mongol dans un prochain. Quant à la femme africaine, je vais en profiter ici pour raconter les éléments de sa vie que j'ai découvert depuis la dernière fois que j'en avais parlé (c'était dans l'article 7- les vies simples).

Si vous vous souvenez, cette existence était la première dans laquelle je m'étais vu en femme. Et ce n'était pas n'importe quelle femme, c'était une grosse mama africaine aux seins nus qui vivait dans un village de cases. C'était une expérience, parce que ce personnage est bien loin de ce que je suis aujourd'hui ! L'environnement ressemblait à une savane ou une forêt clairsemée. Tout ce que je savais de cette femme, c'est qu'elle était plus ou moins guérisseuse et herboriste. Le peu de choses que j'avais vu ne me permettait pas de dire exactement où ni quand ça se situait. J'avais une vague intuition pour l'Afrique de l'ouest, par rapport à des éléments de ma vie actuelle, mais rien de plus. Je vais donc vous exposer les régressions qui m'en ont appris davantage, en respectant à peu près l'ordre chronologique de cette vie.
J'emprunte donc le tunnel du temps pour essayer d'en savoir plus. Je ne me retrouve pas dans le corps d'une femme adulte cette fois, mais d'une enfant. C'est une petite fille noire presque nue qui gambade dans la nature en compagnie d'un garçon de son âge. Sont-ils juste amis ou de la même famille ? Je n'en sais rien, et de toute façon dans un petit village d'Afrique tout le monde était plus ou moins du même groupe familial. Ce qui est sûr c'est que ce petit garçon est aujourd'hui un de mes fils. Nous explorons la nature ensemble, et nous nous cachons ventre à terre au bord du fleuve pour observer les animaux qui prennent un peu de fraîcheur au bord de l'eau. Ce sont des antilopes, peut-être des gnous. Je n'en ai pas vu plus dans cette régression. Par contre ce qui est intéressant c'est que récemment j'ai fait un rêve où je voyais des hippopotames nains s'ébattre dans un cours d'eau. Certains m'ont aperçu et sont sortis de l'eau pour venir vers moi. J'ai alors détalé en courant pour leur échapper. Depuis peu de temps j'ai commencé ainsi à faire des rêves où je vois des éléments que j'associe clairement à des vies antérieures. Plus certainement, je devais déjà en faire avant sans y prêter attention. Et je suis persuadé que cette vision d'hippopotames nains me vient de cette vie africaine. Une prochaine fois je rédigerai peut-être un article complet sur les rêves, car quand on commence à s'y intéresser ils nous dévoilent beaucoup de choses qu'on n'aurait pas imaginées.
Mais revenons au récit de cette vie. Une autre régression m'amène encore dans la jeunesse de cette africaine. Cette fois je la ressens comme adolescente, un peu plus tard. Je marche encore dans la nature mais seule cette fois, toujours quasiment nue. Je pose mes pieds par-ci par-là, avec attention car je ne veux pas écraser les plantes. Au contraire je les observe car c'est ce que je cherche. Je cueille celles qui me semblent intéressantes, des plantes médicinales, et je les ramène à la vieille guérisseuse du village. Je vois les autres enfants jouer mais je ne peux pas aller avec eux. Je dois apprendre auprès de la vieille femme, et je ne fais que les regarder de loin. Je suis destinée à succéder à la guérisseuse. Et elle m'apprend son savoir durement, elle est sévère. Cette vieille femme, je la connais aussi aujourd'hui, c'est une de mes nièces. En fait il semble que dans ce village africain se soit incarné tout un groupe d'âmes qui correspond dans le présent à la famille proche de mon épouse. Celle-ci est d'origine africaine, et donc ceci explique cela. Mais ce qui est surprenant, c'est que j'avais retrouvé les premiers souvenirs de cette vie passée avant même de la rencontrer dans le présent.
Retour à la vie de cette apprentie guérisseuse, je traverse de nouveau le tunnel du temps. Cette fois je suis adulte, telle que je m'étais déjà vue la première fois, bien en chair, seins nus. Je me trouve au sein d'un rassemblement. Il y a beaucoup de monde, c'est même la foule, et je pense que la population de plusieurs villages est réunie là. Nous sommes au bord d'un grand fleuve, et c'est très festif. On danse beaucoup, et moi-même je me laisse aller au son des percussions. Un nom me vient, mon prénom, quelque chose qui ressemble à Tcheya. Les festivités continuent. Sur le fleuve on organise des courses de pirogues. Je vois une jeune fille dont on a couvert le corps, y compris le visage, de symboles de forme circulaire peints en blancs. J'ai l'impression qu'elle est assez proche de moi, peut-être une nièce dans cette vie-là. Son nom ressemble à Amana. Par contre aujourd'hui c'est ma belle-soeur, encore du côté de mon épouse bien sûr. On dirait qu'un guerrier d'un autre clan s'intéresse à elle, il y a des regards qui ne trompent pas. Et c'est assez amusant, parce que cette scène ressemble beaucoup à celle que j'avais décrite dans l'article sur la vieillesse de Sir Hoghton (article 20), le baronnet anglais du 18e siècle. Ma belle-soeur, qui s'appelait alors Anne Boughton, était avec mon épouse et moi à une réunion de gentlemen autour d'une course de lévriers. Et cette jeune fille se faisait courtiser par un homme qui est devenu aujourd'hui son mari. Et vous l'avez sûrement deviné, ce guerrier africain c'est lui aussi évidemment. Drôle de répétition !
Cette façon de peindre le corps des jeunes filles me fait penser qu'il s'agissait sans doute d'un rite de passage à l'âge adulte. Tout ce rassemblement, cette fête, n'était peut-être destiné qu'à ça : officialiser l'entrée des jeunes gens dans la société des adultes, favoriser les rencontres et entretenir les liens entre les tribus par la même occasion.
Cette scène m'a aussi aiguillé sur le lieu où ça pouvait se passait. Car en cherchant un peu j'ai découvert qu'aujourd'hui encore des courses de pirogues étaient parfois organisées. J'en ai vu des photos, en particulier sur les bords du fleuve Niger au Mali. C'est l'Afrique de l'ouest, ça correspond à ce que je pressentais, et l'environnement naturel colle aussi avec ce que j'ai vu. Historiquement des royaumes se sont constitués autour de ce fleuve. Maintenant que je connais beaucoup de mes vies antérieures, je peux dire que cette vie africaine se situe probablement avant l'an 1000, car plus tard ma chronologie est déjà bien remplie. Or à cette période existait sur les rives du fleuve Niger le royaume du Wagadou (ou Ouagadou). Ce n'est encore qu'une hypothèse mais cette vie pourrait se situer à cet endroit et à cette époque, ou peut-être plus loin encore dans le passé.
Malheureusement pour ma nièce Amana, elle n'aura pas le temps de profiter de sa vie d'adulte. Peu après, elle tombe très malade. Et bien sûr en tant que guérisseuse, c'est à moi, Tcheya, de m'occuper d'elle. Je veille à ses côtés dans la pénombre de la case familiale. Je confectionne des onguents, notamment en mâchant des herbes, et je lui applique mes médicaments naturels. Je lui fais des masssages, je récite des incantations pour chasser les mauvais esprits. Ses parents assistent, impuissants, à ce qui se passe. Et malgré tous mes efforts, l'issue est fatale. L'histoire est encore la même que dans sa vie anglaise, dans laquelle elle est décédée très jeune. Une cérémonie funéraire est organisée, un soir autour d'un feu de joie. Des hommes sont costumés et dansent autour du brasier, les femmes sont maquillées. J'essaie de réconforter les parents. Je crois que le père est le doyen des guerriers du village.
Or j'ai vu ce personnage dans une autre scène, dans une autre régression. Je me voyais assise dans le village en pleine journée, occupée à préparer un bon plat cuisiné. C'est du poisson tout frais pêché. Je le cuis à la braise, et j'y ajoute des herbes spéciales. En tant qu'herboriste du village il n'y a que moi qui peut faire ça, car ces herbes ont le pouvoir de donner de la vigueur, où du moins c'est ce que j'ai appris. Ce plat est destiné aux guerriers du village. Et ceux-ci sont ravis de ce que je leur ai préparé. Ils approchent avec de grands yeux, torses nus, attirés par l'odeur alléchante. Parmi eux il y a le vieux guerrier avec ses cheveux et sa barbe grise. Il est inflexible, il a un visage dur. Avec lui, les jeunes sont menés à la baguette. Aujourd'hui cet homme est près de moi de nouveau. Mais comme j'étais une femme à l'époque, lui aussi a changé de sexe. Avez-vous deviné ? Et oui, il s'agit de mon épouse. Et je retrouve bien aujourd'hui cet esprit guerrier en elle. L'un des jeunes guerriers est proche de moi aussi. Je l'ai vu m'escorter quand j'allais parfois dans la forêt me réapprovisionner en plantes. Dans ma vie présente il est devenu mon fils aîné, celui que j'avais reconnu comme un homme-jaguar olmèque dans un passé plus lointain encore.
J'en arrive maintenant à la fin de cette vie et au sujet numéro un de cet article. Tcheya est proche de la mort. Elle est âgée, et elle a encore grossi. Son poids est devenu un gros problème, sa santé s'en ressent. Dans sa peau je me sens complètement impotente. Je ne me déplace presque plus, j'en suis incapable, et je passe mes journées cloîtrée au fond de ma case. Ceux qui ont besoin de mes conseils viennent me consulter ici. Je respire de plus en plus difficilement. Et un jour tout s'arrête, comme ça. Il n'y a pas de souffrance, je n'en ai pas l'impression, et d'ailleurs j'ai à peine la sensation d'avoir quitté le monde des vivants. Je vois encore ce qui se passe dans ma case, je flotte au-dessus de mon corps et je me sens légère. Je reste attachée à ce lieu, je le vois comme si je l'habitais encore. Même après qu'on ait enlevé mon corps décédé, je ne sors pas de cette case. Je sens que je reste là longtemps, que je hante cet endroit de ma présence. Hanter n'est pas vraiment le mot d'ailleurs, car je ne fais peur à personne, au contraire. C'est plutôt une présence bienveillante. Malheureusement la régression s'est arrêtée là et je n'ai pas vu de quelle manière j'ai finalement quitté ce monde. Ce qui fait plaisir c'est que cette fin de vie a semble-t-il été plutôt paisible malgré les soucis de santé.


Laissons donc Tcheya de côté maintenant qu'elle repose en paix, et passons à une autre vie pour voir si les choses se passent toujours de la même manière. Cette fois je vais aller aux derniers instants du guerrier mongol. Lorsque j'en avais parlé précédemment (dans l'article 7- les vies simples), j'avais juste eu une brève image de lui. C'était un homme asiatique, au crâne plus ou moins rasé avec une longue natte dans le dos. Il portait des vêtements amples et pratiquait des mouvements d'arts martiaux dans un environnement plutôt aride. J'en ai découvert davantage sur cette vie depuis mais je ne vais pas développer maintenant. J'en parlerai plus en détails dans un prochain article. Pour situer le contexte je peux dire que ce guerrier mongol faisait probablement partie des peuplades qu'on a globalement appelées les Huns, donc vers le 4e ou 5e siècle après JC. C'était un peuple nomade dans une période de grandes migrations. Or à la fin de cette vie, il semble que je me sois sédentarisé. J'ai vu de petites maisons de bois où nous avons probablement fini par nous installer. C'est dans une de ces petites maisons que j'ai passé mes vieux jours au côté de mon épouse. A la fin j'étais affaibli, peut-être malade ou alors c'était simplement la fatigue de la vieillesse. J'étais assis, emmitouflé dans une couverture ou une fourrure, et ma femme, à côté, me tenait la main. Je savais que la fin était proche, j'en ai l'impression, et à ce moment-là on dirait que j'avais déjà un pied de l'autre côté. Car il me semblait voir autour de moi des silhouettes fantomatiques, celles de personnes décédées que j'avais connues au long de ma vie. Elles ne m'effrayaient pas, bien au contraire, elles étaient pleines de bienveillance. Je sentais qu'elles m'attendaient. J'allais bientôt les rejoindre...
Je n'ai pas vu la suite, la régression s'est arrêtée là. Mais déjà, on constate que l'expérience est assez différente de ce que j'ai revécu avec la guérisseuse africaine. Il est donc évident que le processus de la mort n'est pas identique à chaque fois. Il existe certainement un schéma global qui se répète mais les circonstances du décès influencent l'expérience. Là, j'ai eu l'impression que, main dans la main avec mon épouse, j'attendais l'instant où j'allais quitter ce monde, ce n'était qu'une question de minutes ou d'heures. Cette attente paisible, sans peur, avec quelqu'un pour me rassurer et m'accompagner, a sans doute favorisé un passage en douceur où j'ai eu la possibilité d'avoir un aperçu des personnes qui m'attendaient.

Je vais maintenant terminer avec l'expérience la plus complète mais aussi la plus troublante, celle de la fin de vie de Giovanni Castrioto. C'est la plus complète parce qu'elle m'a permis d'aller jusqu'au bout du processus de la mort et d'aller voir ce qui se passait au-delà, jusqu'à quitter ce monde. Mais c'est la plus étrange parce que je n'ai eu que de brèves images, des bribes d'informations qui, finalement, posent plus de questions qu'elles ne donnent de réponses.
J'avais déjà dit quelques mots sur les derniers instants de ma vie de Giovanni, l'alchimiste amateur vénitien. Je me voyais alors bien vieux, peut-être malade. J'étais allongé dans un lit, sous mes couvertures, dans une grande chambre plutôt sombre. J'étais seul. J'ai eu une quinte de toux, j'ai rendu mon dernier souffle et tout à coup je me suis retrouvé au plafond. Je flottais comme un ballon, à deux mètres au-dessus de mon corps, je le voyais nettement. J'étais léger comme une plume. J'étais donc mort, et pourtant je restais conscient, j'existais encore. J'ai eu la sensation de rester là un long moment à me regarder comme dans un miroir. Puis je me suis détourné de mon corps, je me suis élevé et la chambre autour de moi s'est effacée. Je me suis retrouvé dans une pénombre, comme des ténèbres mais ce n'était pas effrayant. J'avançais, avec comme une sensation de montée en même temps. Un point lumineux m'attirait droit devant. Il était loin, c'était la porte de sortie des ténèbres, et je me suis dirigé vers lui. En m'approchant, la lumière très blanche grandissait et m'enveloppait de plus en plus. Je commençais à apercevoir des silhouettes se détacher à l'intérieur de cette lumière. Je voulais les atteindre, c'étaient des êtres accueillants, lumineux. Je ne voyais pas leurs traits mais je ressentais leurs sourires. Ils étaient quelques-uns, au moins trois, peut-être plus. En me rapprochant, j'ai eu la sensation de les reconnaître. Il y avait là l'un des anciens maîtres de la société secrète mort plus jeune que moi, celui qui s'appelait Costello ou Coziello (voir article 18- l'alchimiste) et qui avait été aussi certainement dans une autre vie l'évêque Robert de Torote (voir article 22- le châtelain malgré lui). De cette vie médiévale, celle qui avait été ma nourrice Jaouenne était là aussi, et la troisième personne que j'ai reconnue est le petit garçon africain avec qui j'avais observé les animaux au bord du fleuve. Ils m'accueillirent chaleureusement, c'était un pur bonheur de se retrouver.
Après ça la régression devint chaotique et difficilement compréhensible. Je vis des séquences se succéder sans avoir le temps de comprendre vraiment de quoi il s'agissait. Je me suis retrouvé dans un paysage de verdure, marchant dans l'herbe avec mes proches. Il n'y avait plus de lumière nous enveloppant, cette fois nous étions dans un environnement qui aurait pu être sur Terre, j'avais un corps visible et pourtant je savais que j'étais bien dans le monde des morts, dans l'au-delà. Je trouvais étrange que ça ressemble autant au monde physique. Et pourtant j'apercevais des choses anormales, des formes qui volaient dans le ciel comme des ovnis. Puis une autre image remplaça celle-là, et cette fois je me vis moi-même dans une sorte de cabine de pilotage. Je ne comprenais rien à ce qui se passait, mon cerveau était en conflit avec ce que mon esprit me montrait, refusant quelque chose qui semblait trop loin d'une réalité rationnelle. J'essayais de maîtriser la séquence pour simplement comprendre ce qui arrivait. Je me suis dit « allons voir plus loin, au moment où je vais me réincarner ». Je voulais essayer de savoir comment se faisait le choix de l'incarnation, comment on choisissait où et quand on allait se réincarner, et si on avait notre mot à dire dans l'affaire bien sûr. Malheureusement j'ai manqué ce moment, car je me suis senti alors descendre comme dans un brouillard sombre. J'allais m'incarner dans un nouveau corps, sans avoir pu comprendre comment je l'avais choisi, comment j'en étais arrivé à cet instant. Tout était assez confus, mais je sentis la présence d'un petit corps vivant près de moi, celui du bébé en gestation. Ce corps allait devenir mon corps. La régression tirait à sa fin, je le sentais car je commençais à perdre le contact avec le passé. Mais j'avais envie de savoir quel était ce bébé, était-ce une des vies que j'avais déjà vues ? J'ai essayé d'avoir une dernière image avant que ça ne s'arrête, et là je me suis retrouvé tout à coup quelques temps plus tard, dans le corps d'une petite fille. J'étais avec mes parents, un couple d'apparence indienne avec mon père qui portait une moustache, tel que je l'avais déjà aperçu dans une autre régression. J'ai compris alors que cette fillette était celle qui allait devenir une danseuse sacrée, une devadasi quelque part en Inde (voir l'article 13- la danseuse et le yogi).
Vous voyez donc que, malheureusement, cette régression n'apporte pas beaucoup de réponses sur ce qu'il se passe entre deux vies terrestres, même si elle est très intéressante. Il semble que ce qu'on appelle l'au-delà soit d'apparence assez proche de notre monde physique. On y garde un corps qui, même s'il n'est sans doute pas matériel, ressemble à un corps terrestre. L'environnement ressemble à la Terre, il y avait de l'herbe, peut-être des arbres... et ces espèces d'ovnis. Là effectivement, ça pose des questions. Y a-t-il un lien avec les ovnis dont on a des témoignages sur Terre ? Ces ovnis viennent-ils d'autres planètes, ou bien d'autres dimensions telle que celle qu'on appelle l'au-delà ? Je fais des hypothèses mais je n'ai aucune réponse, bien sûr.
Ce qui est intéressant et plus abordable intellectuellement dans cette séquence, c'est le processus d'incarnation dans un nouveau corps. On voit qu'après un certain temps passé dans l'au-delà, l'esprit « descend » pour s'attacher à un corps physique, un fœtus encore en gestation dans le ventre de sa mère. J'aurais aimé avoir plus de détails sur ce qui se passe en aval et en amont de ce moment, sur la manière dont va s'exprimer le karma notamment, et si l'esprit a un choix conscient à faire à ce sujet où s'il subit simplement des effets qu'on pourrait qualifier de physiques ou mécaniques. Peut-être aurai-je des réponses plus tard.
En tout cas, cette régression aura au moins eu l'avantage de me faire remettre dans le bon ordre certaines de mes vies antérieures. Car auparavant je pensais que ma vie de Giovanni se situait après celle de la devadasi, or c'est clairement l'inverse. Voilà, petit à petit, indice après indice, même si je n'obtiens pas toutes les informations que je souhaiterais, je parviens à affiner l'histoire de mes vies antérieures.

Et retrouvez déjà le prochain article en avant-première (dans les news) !
 

22- le châtelain malgré lui, la douleur de la naissance



Jusque-là j'ai raconté dans mes articles de nombreux récits de vies antérieures. Mais le cycle des incarnations, ce n'est pas juste une succession de vies sans rien entre deux. La mort mène à une nouvelle naissance, c'est le principe de la réincarnation. Mais cette renaissance n'est pas immédiate après le décès. Il se passe un certain temps avant que l'âme immortelle ne se réincarne dans un corps mortel. D'après ma propre expérience, avec les dates approximatives de mes vies passées, je dirais que ce temps d'entre-deux-vies varie au moins entre 5 et 2000 ans sur Terre. De l'autre côté le temps ne passe pas forcément comme ici-bas, mais ça peut faire tout de même un interlude important. Que se passe-t-il donc là-haut pendant tout ce temps ? Comment se déroule le passage de la mort ? Et comment et pourquoi arrive-t-on à une nouvelle naissance ? Des auteurs éclairés ont déjà écrit sur le sujet et raconté leurs propres expériences et explications, notamment Patrick Drouot dont j'ai déjà parlé. Je pourrais aussi citer Allan Kardec, Daniel et Anne Meurois-Givaudan ou Edgar Cayce, entre autres. Et on peut aussi s'intéresser à tous ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente, ceux qui sont revenus d'un coma. Leurs témoignages de ce qu'ils ont vu de l'autre côté sont relativement similaires et on peut donc se faire une idée sans doute assez réaliste de ce qui se passe à la mort du corps physique, mais aussi à la naissance. Cependant, pour moi ce n'est que de la théorie tant qu'on n'en a pas une expérience personnelle. Mais bon, expérimenter la mort aujourd'hui je préfère éviter, très peu pour moi merci bien. Heureusement il existe d'autres moyens pour se faire une idée de la vie entre les vies. Et la régression vers le passé est un de ces moyens. Vous avez déjà lu dans mes précédents articles que les régressions m'ont permis de revivre plusieurs morts de mes vies passées. Mais ça s'est toujours arrêté au moment même du décès. Et les naissances ? Est-il possible de les revivre de la même façon ? Peut-on poursuivre une régression jusqu'à voir ce qui se passe après la mort ou avant la naissance ? Si je pose ces questions, c'est que c'est possible évidemment, et que je l'ai tenté moi-même. Mais j'ai à peine commencé d'explorer cette possibilité et j'en parlerai en détail quand j'aurai un peu plus d'expérience dans ce domaine. On va faire les choses par étapes. Et pour commencer par ce qui est le plus gai, je vais d'abord parler de la naissance. Je vais vous exposer une régression qui a établi un pont entre ma vie présente et une de mes vies passées. Puis je m'éloignerai un peu du sujet de départ et j'en profiterai pour raconter la suite de cette vie antérieure dont j'avais déjà un peu parlé dans l'article 7- les vies simples.

Pour cette régression, j'avais choisi mon focus comme d'habitude. Le focus, vous le savez maintenant si vous avez lu mes précédents articles, c'est cet élément du présent sur lequel je me concentre pour retrouver une éventuelle correspondance dans une vie passée.
Cette fois je me concentre sur ma grand-mère décédée il y a quelques années pour voir où et quand j'ai déjà pu la connaître dans le passé. Je traverse le tunnel du temps comme d'habitude, et lorsque j'en sors il se passe quelque chose d'étrange. J'ai encore l'impression d'être dans un tunnel. Mais c'est différent. Il fait sombre, je suis très serré, et je n'arrive pas à avancer. Je sais que je dois sortir de là car je suis compressé, j'ai la sensation d'étouffer. Je ne peux y arriver qu'en rampant et c'est ce que je fais. Mais c'est extrêmement difficile. Je dois déployer beaucoup d'efforts pour me tortiller vers la sortie. Je vois la lumière au bout. C'est le parcours du combattant, je souffre pour progresser. Centimètre par centimètre j'atteins enfin la lumière qui m'aveugle. Je suis sorti par deux immenses mains qui me tiennent et m'élèvent en l'air. Je me rends compte que je suis un nouveau-né. Je vois de grandes silhouettes en blouses autour de moi, et surtout, ma mère juste en face. Je vois son visage, c'est ma mère actuelle, toute jeune. Mais au lieu de m'approcher d'elle on m'en éloigne et on m'emmène loin. Le petit être que je suis alors ne comprends pas, je me sens perdu. Mais dans le présent je comprends que je viens de revivre ma propre naissance. Je sais alors ce qui se passe, car en fait je suis né prématuré et on va me mettre en couveuse.
Je me vois alors protégé par la cage de verre. Derrière la vitre il y a des personnes qui me regardent. Quelle surprise ! Je vois mon père jeune et très mince comme je ne l'ai plus vu depuis des années. Deux autres personnes sont avec lui, deux femmes. L'une d'elles est ma grand-mère paternelle, celle que j'ai utilisée comme focus. Là aussi il me faut un instant pour la reconnaître, je ne l'ai jamais vue si mince. Et à côté d'elle c'est sa meilleure amie. Elle, je la reconnais tout de suite avec sa crinière argentée. Tous les trois sont souriants et parlent en me regardant. Je reste un instant avec eux, puis la scène change à nouveau.
Je me retrouve encore une fois dans le tunnel sombre à me tortiller comme un ver de terre pour sortir. On dirait que je revois la même chose. Je passe sur les détails, c'est toujours aussi difficile. Mais cette fois quand on m'en sort je ne suis plus du tout au même endroit. On est dans une maison de bois sombre avec un mobilier très rustique. C'est une femme qui tient le nouveau-né que je suis. Elle porte une simple robe sombre et une sorte de foulard ou bonnet sur la tête. Ses bras sont dénudés et sanguinolents. J'ai à peine le temps d'apercevoir ma mère. Elle crie en pleurant alors qu'on m'emmène loin d'elle, là aussi. La sage-femme se rend à l'entrée de la maison. La porte s'ouvre sur un homme brun, d'apparence rude mais habillé comme quelqu'un de haut rang, avec des couleurs plutôt sombres, il me semble. Ce n'est pas un paysan, peut-être le seigneur du coin. Il me regarde puis parle à la sage-femme. Elle s'appelle Jaouenne, j'entends clairement ce prénom. Et je la reconnais alors, car c'est ma grand-mère actuelle, celle que j'ai revue juste avant. Si je comprends bien, l'homme lui confie le bébé. Elle deviendra ma nourrice. Je ne reverrai plus ma mère. J'ai l'impression d'être un enfant qui n'est pas le bienvenu, et j'ai cette pensée qui me suivra longtemps : « Je ne devrais pas être là ! ».
Concernant Jaouenne, son prénom n'est vraiment pas courant, et d'ailleurs je crois que je ne l'avais jamais entendu avant cette régression. Et pourtant, des recherches m'ont montré qu'il était utilisé au Moyen-Age. Avec les vêtements et le décor, ça me permet de situer clairement cette scène dans la France médiévale ou aux alentours. Rien ne me permet de dire qui est exactement l'homme qui confie le bébé à Jaouenne. Je n'ai pas de nom et pas de lieu. Par contre il semble être un noble. Pourquoi s'intéresse-t-il au bébé et à son avenir ? Pour ça j'ai ma petite idée. Je pense que l'enfant est un bâtard, soit son propre fils soit celui d'un de ses proches qui aurait batifolé avec la paysanne. Et je confirme cette hypothèse pour une autre raison. De toutes les vies antérieures que j'ai retrouvées, cette scène pourrait correspondre à deux d'entre elles en particulier, qui se situent au Moyen-Age en occident et dont j'ai parlé dans mon article sur les vies simples (article 7). Il y a celle du petit voyou condamné au pilori, vie que j'ai développée dans l'article 17- Corot et le paria, et il y a celle de l'écuyer Gabriel. Celle-là est intéressante, car pour devenir écuyer il faut être de lignée noble. Un bâtard avait sans doute cette possibilité. Voilà pourquoi je pense que j'ai bien revécu la naissance de ce Gabriel.

Je vais donc en profiter pour m'attarder sur Gabriel, revenir sur ce qu'on savait déjà, et raconter d'autres épisodes de sa vie car j'en ai retrouvé d'autres souvenirs.
Souvenez-vous, celui que j'appelle Gabriel était l'écuyer d'un chevalier blond prénommé Hubin. Celui-ci avait des armoiries vert et blanc, et il portait de temps en temps la croix rouge sur fond blanc qui montrait qu'il avait dû partir en croisade. Il interpellait son écuyer en criant « c'est Gabriel la boulogne ! », une phrase que je n'ai toujours pas comprise mais qui m'a renseignée sur le prénom de cet homme. Ensuite j'avais vu le chaos d'une attaque, une tente, le feu, et je crois que le chevalier est mort à ce moment-là. J'avais essayé de localiser géographiquement et dans le temps cette vie antérieure. Le prénom Hubin, qui n'est pas courant, je l'avais retrouvé chez plusieurs chevaliers, notamment dans les Ardennes belges. Il y en avait un en particulier qui avait attiré mon attention car il semblait plus ou moins lié aux templiers, mais finalement je ne crois pas que ce soit le bon. Par contre j'avais identifié un château dont les armoiries étaient trois lions verts sur fond blanc : le château de Franchimont à quelques kilomètres de Liège, toujours dans les Ardennes belges. Il est encore plus intéressant car visuellement il se rapproche clairement de ce que j'en ai vu, mais il y a mieux. J'ai découvert qu'en 1237 ce château a été partiellement détruit, alors que le village en contrebas était incendié et la région ravagée par Sire Waleran de Limbourg-Montjoie. Cet épisode est à rapprocher de ce que j'ai vu de la mort d'Hubin. Sire Waleran était en conflit avec le Prince-Evêque de Liège. Le château de Franchimont appartenait au Prince-Evêque. Il faisait partie du système défensif de la cité. Il n'avait donc pas de seigneur, mais comme l'évêque n'y habitait pas, il devait bien y avoir quelqu'un pour diriger la garnison, probablement un chevalier. Il n'y en a aucune trace malheureusement, mais je pense que le chevalier Hubin était celui-là.
Le chevalier était assez proche de moi, Gabriel son écuyer. J'ai l'impression qu'il me considérait un peu comme son frère, pas étonnant qu'aujourd'hui il soit devenu mon frère pour de vrai, alors ! Parfois il se confiait à moi. J'ai l'image d'une discussion sur le bord des remparts avec vue sur le paysage alentour. Je crois qu'il me disait qu'il envisageait de prendre femme. Malheureusement est-ce que ça se fera ? Je pense que les évènements qui vont précipiter sa mort arrivent peu de temps après. Il aura sans doute tout préparé, rencontré sa promise et sa famille, et peut-être même auront-ils le temps d'organiser ce mariage, comme on le verra après.
Un jour j'assiste à une rencontre entre chevaliers. Devant le château, à l'orée de la forêt, deux hommes à cheval, en armures et portant leurs couleurs, attendent. L'un d'eux porte du jaune et du noir, l'autre a des couleurs plus ternes. Le chevalier Hubin va à leur rencontre pour les accueillir. Avec ces chevaliers j'ai eu d'autres vagues images d'un entraînement à cheval, peut-être un tournoi. Ou alors se préparait-on déjà au conflit qui allait arriver ?
Ces deux chevaliers je les connais aujourd'hui. Ce sont deux copains dessinateurs, qui aiment d'ailleurs particulièrement dessiner et raconter des histoires dans un environnement médiéval. J'ai essayé de trouver les noms de ces chevaliers, avec les correspondances entre leurs couleurs, l'époque et la région, et éventuellement des indices qui les relieraient à leurs incarnations actuelles. J'ai bien trouvé deux noms mais ça repose sur très peu de choses, et je préfère ne pas les donner.



Après l'attaque qui ravage le village par les flammes et voit la mort du chevalier Hubin, je me retrouve bien seul au château, sans personne pour le diriger. J'assure l'intérim en attendant qu'on remplace Hubin. Peu après cet événement je crois, alors que les villageois se réorganisent et réparent les dégâts, ils se rassemblent et attendent une visite. Je suis là aussi avec eux car un personnage important doit arriver. Effectivement arrive alors un personnage à cheval avec son escorte. Il est habillé de couleurs sombres et porte un chapeau à larges bords, typique des ecclésiastiques à l'époque. Je n'ai pas l'impression que ce soit la plus haute autorité du coin, mais sûrement un bras droit, un sous-chef. Je l'accueille au château mais le personnage est plutôt froid. Ce n'est qu'à son départ qu'il devient plus chaleureux, esquissant un sourire et me prenant par l'épaule pour me rassurer. Il essaie de faire passer la pilule, parce que ce qu'il me dit ne me plaît pas. Personne ne viendra prendre la relève et c'est à moi d'assurer la direction du château. « Mais ce n'est pas à moi de faire ça ! » « Je ne devrais pas être là ! », ce sont les pensées qui me viennent mais je me tais. Cette pensée que j'ai eue dès ma naissance, voilà qu'elle me suit au cours de toute cette vie. Et elle me suivra même dans d'autres vies ultérieures, comme je l'ai raconté précédemment, et toujours un peu dans les mêmes circonstances d'ailleurs. A la Renaissance à Venise, Giovanni Castrioto se verra prendre malgré lui des responsabilités dans la société secrète dont il fait partie, après la disparition des premiers leaders. Au 18e siècle en Angleterre, à la mort prématurée de son grand frère, Henry Hoghton devient de manière imprévue l'héritier du titre de baronnet et des responsabilités qui vont avec. A chaque fois cette pensée revient : « Je ne devrais pas être là ! ». Il doit y avoir un travail à faire là-dessus, certainement. Est-ce que ce problème a été résolu ? Je n'en suis pas certain. J'ai encore des choses à apprendre sur moi-même.
Bref, je vais revenir sur le personnage de l'ecclésiastique car on peut faire une supposition sur son identité. Si on considère que le château est bien celui de Franchimont, son seigneur est donc le Prince-Evêque de Liège. A partir de 1238, juste après l'incendie du village de Theux, il s'agit de Guillaume de Savoie. Mais d'après ce que j'ai vu, le personnage que j'ai rencontré n'était pas le plus haut, mais plutôt un collaborateur. Or j'ai trouvé un autre nom qui peut correspondre à ce profil. A cette époque, un certain Robert de Torote (ou Thourotte) était prévôt de Liège. C'était lui aussi un évêque, et en 1240 il succède à Guillaume de Savoie en tant que Prince-Evêque. Je pense que le personnage que j'ai vu, c'est lui. Et ce qui est intéressant, c'est que dans ma régression je l'ai identifié à mon autre frère actuel. Dans d'autres vies il deviendra l'érudit arabe dont je parlais dans l'article 7- les vies simples, et le révérend Matthew Henry que j'ai cité dans l'article 15- la jeunesse de Sir Hoghton. Il y a une certaine logique, une continuité entre ces vies, vous ne trouvez pas ?

Tout ce que j'ai retrouvé en régression après la mort du chevalier semble se passer quelques années plus tard, car je vois alors un Gabriel plus âgé, aux cheveux courts grisonnants. Il vieillit bien, il reste en forme et costaud. On dirait qu'il supervise le château comme une sorte d'intendant, mais il ne se comporte pas en seigneur. Par exemple il se rend lui-même à la ferme au village pour aller chercher du lait. C'est une fermière au caractère bien trempé qui le reçoit, une femme pour laquelle j'ai assez nettement entendu le prénom Carlotta. Aujourd'hui je la connais toujours, c'est ma marraine.
J'ai vu une autre femme, au château lui-même cette fois. Cette femme-là est habillée d'une robe pourpre avec des sortes de clous dorés. Je ressens une sorte de mélancolie autour d'elle, et j'ai l'impression que je veille sur elle en mémoire de Hubin. Est-ce qu'elle est sa promise ? Ou sa jeune veuve ? J'ai perçu un prénom comme Clémence. Je la suis dans tous ses déplacements, du château à l'église principalement, où elle prie longuement. Moi je reste en retrait, gardant toujours un œil sur elle. Je suis son garde du corps, en quelque sorte. Je pense qu'elle réside au château. Si c'est le cas, c'est sans doute que le chevalier a eu le temps de l'épouser. Sinon elle ne resterait pas là, elle chercherait à faire sa vie ailleurs. Cette dame Clémence côtoie d'autres femmes, je les ai vues chevaucher ensemble dans les bois autour du château. Je les suivais, toujours à veiller sur elles. C'est une des premières scènes de cette vie que j'avais vue en régression. Ce qui est un peu étonnant, c'est que cette dame Clémence est ma propre épouse aujourd'hui. Mais est-ce que c'est si surprenant finalement ? Dans cette vie médiévale Hubin a à peine eu le temps de la connaître, alors que moi apparemment j'ai dû veiller sur elle pendant des années sans la quitter d'une semelle.
J'ai l'impression que parmi les femmes que Clémence fréquentait, il y en a qui vivaient aussi au château avec elle. Peut-être étaient-elles des femmes de sa suite, ou de la famille ?
J'ai revécu une scène où j'ai l'impression d'être plus âgé encore. Je suis dans une forêt en automne, le sol est boueux et couvert de feuilles mortes. Je suis avec plusieurs hommes autour d'une charrette. Ce sont des hommes de main, des ouvriers, mais l'un d'eux porte une vieille tunique avec la croix rouge sur fond blanc des croisés. Nous sommes à côté d'une chapelle ou d'un oratoire dont toute une partie est ouverte sur l'extérieur. On se met à plusieurs pour décharger de la charrette un cercueil. On l'amène derrière les murs pour le poser dans un renfoncement. Je suis certain qu'à l'intérieur c'est dame Clémence. Puis les hommes attendent au bord du chemin boueux jusqu'à ce qu'une calèche arrive. Deux dames en descendent, l'une encapuchonnée d'une cape sombre, et l'autre très jeune, encore une adolescente. Elle va s'incliner devant le cercueil et pleure à chaudes larmes. Il me semble que cette jeune femme est l'une de celles qui vivent encore au château. Aujourd'hui elle est sans aucun doute la filleule de mon épouse, une de mes petites-cousines.
Au moins une autre jeune femme encore vit au château, peut-être la sœur de la précédente. Elle me semblait plus jeune encore. Je la voyais sortir du château en plein hiver, avec Gabriel toujours à sa suite. Je n'aimais pas qu'elle sorte comme ça pour braver le froid et les dangers. Et elle, elle ne pensait qu'à s'amuser dans la neige. Elle aussi est aujourd'hui une petite-cousine.

Vous voyez que j'ai largement enrichi la vie de l'écuyer Gabriel par rapport à ce que j'en savais auparavant. Revivre sa naissance, notamment, peut sembler anodin, mais en fait c'est un épisode riche en enseignements. On voit que les traumatismes que l'on vit à la naissance peuvent rester ancrés en nous et impacter toute notre vie. Malgré tout il reste encore beaucoup de questions. Comment Gabriel est-il mort par exemple ? Je ne le sais pas encore. Ca me laisse le champ pour de prochaines explorations du passé.

Et retrouvez déjà le prochain article en avant-première (dans les news) !