interview d'Ana Maria del Rio

J'ai commencé le mois dernier à travers des interviews à donner la parole à d'autres personnes personnes qui ont vécu comme moi des expériences liées aux vies antérieures. Pour la toute première édition, Chantara et Okcoral, administratrices du forum Minuit, s'étaient pliées au jeu des questions / réponses (interview que vous pouvez retrouver ici : https://pastlivesproject.blogspot.fr/2018/03/interview-de-chantara-et-okcoral.html ). Aujourd'hui, je donne la parole à une autre personne avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir à échanger : Ana Maria del Rio. Son témoignage, vous le verrez, est passionnant. Elle est espagnole, et nous avons échangé en anglais. L'interview ci-dessous est donc une traduction, qui retranscrit le plus fidèlement possible les propos de mon invitée.

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- Bonjour, pourriez-vous nous dire qui vous êtes en quelques mots?

Ana Maria del Rio :

 Bonjour. Je suis une femme de 42 ans. Pendant plus de dix ans, j'ai travaillé comme vétérinaire mais actuellement je suis sans emploi, alors je me consacre à l'écriture de romans de science-fiction et de fantasy, ainsi qu'à la gestion de quelques blogs traitant de différents sujets. Bon, c'est ce que je fais. Mais définir en quelques mots qui je suis vraiment ... Je pense que ce serait impossible. Mais si vous voulez, je vais essayer.


- La raison de cette interview est le fait que vous réalisez des régressions pour retrouver des souvenirs de vos vies passées. Comment avez-vous découvert la réincarnation et pourquoi avez-vous commencé les régressions il y a quelques années?

Ana Maria del Rio :

J'ai toujours été très curieuse, et pendant mon enfance je lisais beaucoup de livres traitant du paranormal, nous en avions quelques-uns à la maison. Je pense que le premier livre sérieux que j'ai lu sur la possibilité de survie après la mort était Life after Life du Dr. Raymond Moody, sur les expériences de mort imminente (EMI). Je n'avais alors que 12 ans, et donc j'ai connu très tôt ce genre de sujets. Plus tard dans la vie, au cours des années collège, j'ai aussi lu certains des livres de Brian Weiss et Michael Newton, qui traitaient plus précisément de la réincarnation. Même ainsi, je n'avais pas encore une forte croyance en la réincarnation. Je ne peux pas dire que j'étais totalement sceptique, mais j'ai toujours été une personne très rationnelle. J'aime la science et j'ai toujours pensé que c'était la bonne façon de savoir s'il y avait vraiment quelque chose après la mort.

J'ai eu un petit déclic cependant, un sentiment qui a persisté au fil des ans. Depuis que j'étais petite il me manquait quelqu'un qui en théorie n'existait pas. C'était quelqu'un qui était toujours dans mon esprit, avec des caractéristiques physiques et psychologiques très spécifiques. Il a peut-être émergé pour la première fois lorsque j'ai créé une histoire de science-fiction, et il était l'un des personnages principaux. Le problème est qu'il a pris trop de place, il était "trop réel" pour être juste un produit de mon imagination, et il me manquait profondément. Je me demandais si je l'avais connu dans des vies antérieures, mais comme je n'avais aucun moyen de savoir si c'était vrai - c'est ce que je pensais à l'époque - je devais simplement l'oublier et me concentrer sur ma vie actuelle. Donc c'est ce que j'ai fait.

Mais la vérité est que je ne pouvais pas me débarrasser de lui. Chaque fois que je me sentais déprimée, il était de retour. Pendant toute ma jeunesse j'ai eu des phases où la dépression est devenue très forte, j'ai même eu des pensées suicidaires. J'étais sur le point de quitter mes études, et puis finalement j'ai plutôt laissé tout cela derrière moi. J'ai trouvé mon partenaire actuel, j'ai commencé à travailler et tout semblait aller mieux. C'était jusqu'à ce que je commence à montrer des symptômes d'anxiété. C'était en novembre 2011. Je devais aller chez le médecin et pendant un certain temps j'ai pris des pilules contre l'anxiété. Je suivais son conseil et je faisais plus d'exercice et essayais de prendre les choses différemment, mais je savais que je devais faire autre chose: j'ai choisi la méditation (que j'avais pratiquée des années auparavant) pour essayer de me détendre, mais surtout je savais que je devais résoudre le problème de la dépression: je devais découvrir pourquoi, à certaines périodes de l'année, je commençais à me sentir triste et angoissée et je voulais seulement rester à la maison. Tout allait bien dans ma vie. Comme disait mon partenaire, "j'avais tout et je n'avais aucune raison d'être déprimée". Mais c'était seulement en apparence. Comme j'avais l'intuition que mes problèmes pouvaient être liés à une vie antérieure, j'ai cherché des informations sur Internet. J'ai trouvé le forum de Carol Bowman (ndlr : forum sur la réincarnation en anglais) et, à ma grande surprise, j'ai appris que je pouvais utiliser des techniques d'auto-régression pour me souvenir de vies antérieures présumées. Je n'avais rien à perdre, alors j'ai essayé. Je ne pouvais pas imaginer où cela me mènerait.


- Depuis, vous avez découvert nombre de vos vies passées. J'ai été surpris de voir à quel point vos expériences et conclusions sont proches des miennes. Combien de vies avez-vous trouvé ? Pouvez-vous dire quelques mots sur certaines d'entre elles?

Ana Maria del Rio :

Les informations que j'ai commencé à obtenir de mes vies passées étaient vraiment nombreuses. Parfois, dans une même session, vous recevez divers flashs de plusieurs vies passées, ou du moins c'est mon cas, et cela devient confus. J'ai commencé à donner des numéros à chaque flash ou mémoire, jusqu'à ce que je puisse identifier qui j'étais dans chacun d'entre eux (parfois vous voyez à la première personne, d'autres fois à la troisième personne, ça prend un peu de temps avant de savoir que vous êtes cet homme, ou cette femme, ou cet enfant). J'ai donc rempli mon journal de vie avec des "vies possibles", et quand l'une d'elles commençait à se développer, je rassemblais toutes ces informations. Maintenant, j'associe chaque vie à un nombre: ma vie de moine guerrier est "vie 6", ma vie à Cardiff est "vie 7" et ainsi de suite, mais parfois un flash ne s'est développé que beaucoup plus tard ou ne s'est pas développé du tout. Si je ne compte que les vies passées dont j'ai des souvenirs persistants et répétés, je peux dire que je me souviens entre 20 et 25 vies. Mais si je compte tous les flashs qui pourraient correspondre à différentes vies antérieures, peut-être qu'on pourrait parler d'environ 60 vies passées.

Je pense que nous obtenons d'abord les souvenirs qui sont les plus faciles à appréhender. Quand j'ai commencé à faire de l'auto-hypnose, ma question principale était: "Est-ce que cet homme qui semble me manquer est réel ou est-ce que je l'ai juste créé moi-même?" Je n'ai pas attendu longtemps pour avoir la réponse: c'était un marin norvégien dans la seconde moitié du XIXe siècle. Nous nous sommes rencontrés à Cardiff, où j'étais une pauvre femme qui vivait avec ses parents dans une humble maison en pierre. Nous sommes tombés amoureux et avons eu une belle petite fille qui est morte très jeune. Il naviguait toujours et il me manquait beaucoup, j'ai du faire face à la naissance et à la mort de notre fille toute seule, et c'était assez douloureux pour moi. Finalement, nous nous sommes installés en Norvège où je suis morte aussi assez jeune, probablement dans la quarantaine, juste au moment où j'avais tout le temps du monde pour être avec lui alors qu'il avait quitté la marine. Inutile de dire que les émotions étaient très intenses quand j'ai retrouvé cette vie, même s'il n'y avait rien de traumatisant en elle. Et bien sûr, cela expliquait mes émotions dans cette vie actuelle ... mais pas encore tout.

Je recevais des informations sur quatre ou cinq vies antérieures différentes en même temps. Et certaines étaient en effet traumatisantes. L'une des plus frappantes était ma vie dans la marine britannique. Le premier souvenir que j'ai eu de cette vie a été ma mort: j'étais à l'intérieur d'un navire de guerre, et un "boulet de canon" (c'est ainsi que je l'appelais) traversa le mur de bois à ma gauche. Je gisais à terre, incapable de bouger. Je savais que je me vidais de mon sang. Plus tard, j'ai eu assez de détails sur cette vie et j'ai pu la valider: j'ai découvert que j'avais été le capitaine James Cornewall, mort à la bataille de Toulon en 1744. Cette validation signifiait beaucoup pour moi. Je dis toujours que la validation d'une vie passée est une étape très importante dans votre voyage, car vous ne pouvez alors plus avoir de doutes sur la réalité de la réincarnation. Il est tout simplement impossible que j'aie pu connaître certains détails qui, même dans les documents historiques, sont obscurs ou mal connus. Par exemple, j'ai toujours su que j'avais été impliquée dans l'esclavage, et il était vraiment difficile de trouver des informations à ce sujet, surtout avant que la page Wikipédia sur James Cornewall soit écrite, ce qui n'arriva qu'après que je me souvienne des faits principaux. Et même là on dit seulement que son implication avec l'esclavage n'était pas claire, que ce ne sont que des "rumeurs". Eh bien, je peux dire que c'était bien plus que de simples «rumeurs» …

Puis je me suis souvenu que j'avais été une jeune infirmière tchèque pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans cette vie passée je me suis suicidée, probablement en France en 1942 après la mort de mon petit ami allemand. Cela expliquait en grande partie mes problèmes de dépression et d'anxiété. J'ai reconnu en ce soldat la même âme qui avait été le marin norvégien, comme cela m'est arrivé dans quelques autres vies. J'ai découvert qu'il avait été avec moi de nombreuses fois auparavant, jouant différents rôles: un frère, un père, un amant, juste une connaissance... Cela m'a amené à croire que nous nous réincarnons avec les mêmes âmes, encore et encore. Je sais que je ne le rencontrerai pas cette fois pour une raison que j'ignore, mais je sais qu'il est quelque part tout près à m'observer, attendant patiemment nos retrouvailles.

Quelques autres de mes vies antérieures sont: un prétorien romain; une esclave en Crète; une femme cathare qu'on a décapitée dans une forteresse; un rebelle irlandais qui fut pendu par ses seigneurs féodaux, probablement à Galway; un moine guerrier membre d'une confrérie secrète qui cherchait à détruire l'Église catholique (et qui a manifestement échoué); un royaliste dans les guerres de Vendée en France; un jeune cow-boy dans le Far West américain; un ingénieur allemand en Allemagne de l'Ouest pendant les années 60.


- J'ai découvert vos expériences sur les vies passées et la réincarnation sur votre blog (https://rememberinglifeanddeath.weebly.com/). Vous avez également écrit deux livres (en espagnol et en anglais). Pourquoi aviez-vous besoin d'écrire sur ce sujet?

Ana Maria del Rio :

Dès que j'ai commencé toutes ces expériences qui ont changé ma vie, je ne pouvais pas rester comme ça à me taire. Je voulais que tout le monde ressente la même chose, que tout le monde se souvienne de ses vies antérieures pour être certain que la réincarnation est un fait et que nous survivons tous à la mort. Et puis j'avais trouvé des gens incroyablement gentils qui m'avaient soutenue sur mon chemin, à gérer les souvenirs et à faire des recherches pour les valider et finalement découvrir mon identité passée. Je voulais faire de même avec d'autres personnes qui pourraient commencer à se souvenir comme je le faisais spontanément. Ici, en Espagne, la littérature sur la réincarnation est rare et ce n'est pas un sujet qui est pris très au sérieux. Nous avons surtout des livres sur les régressions mais ils ne sont pas très pratiques. Je voulais parler de la partie pratique de toute l'expérience. Donc, la première chose que j'ai faite a été de créer un forum en espagnol sur la réincarnation (http://fororeencarnacion.freeforums.net) et pour le promouvoir, j'ai rejoint le seul groupe Facebook sérieux que je connaissais où ils seraient peut-être ouverts à la réincarnation . C'était un groupe sur les EMI (ndlr: Expériences de Mort Imminente), et même si c'était supposé être scientifique, j'ai trouvé que c'était modéré par des catholiques avec des points de vue religieux avec lesquels je ne pouvais pas être d'accord. Il était accepté de parler des trous noirs, des EMI et des fantômes, mais au moment où vous mentionniez le mot «réincarnation», vos messages étaient supprimés. J'ai posté quelques travaux scientifiques par Ian Stevenson, et certains de mes points de vue sur la paralysie du sommeil, et surprise, j'ai finalement été bannie du groupe. Ca m'importait peu car à ce moment beaucoup de membres arrivaient sur mon forum via Google.

Pour aller plus loin, j'ai aussi créé un blog en espagnol (http://soyreencarnacionista.blogspot.com) comme moyen d'attirer plus de gens et parce que parfois j'avais besoin de m'exprimer sur certains sujets, mais j'avais quand même du mal à partager tous mes souvenirs publiquement. Dès le début j'ai remarqué la différence entre les hispanophones et les anglophones. Ces derniers sont plus ouverts à la discussion et sont beaucoup plus au courant des travaux scientifiques sur la réincarnation. Il y a beaucoup plus de gens qui se souviennent de leurs vies passées et alors vous pouvez approfondir et parler de toutes ces choses qui nous préoccupent, nous réincarnationnistes: le karma, la culpabilité, les groupes d'âmes et les âmes sœurs, la planification, comment gérer ses vies passées au jour le jour, la nostalgie des vies passées, etc. Ma frustration m'a conduit à créer un autre blog, celui-ci en anglais, principalement pour partager certains points de vue et des souvenirs plus sombres avec certaines des personnes que j'avais rencontrées (http://bitterwatches.blogspot.com).

Entre temps, j'ai pensé que ce serait bien d'écrire un livre qui raconte une partie de mon expérience, mais en mettant l'accent sur le côté pratique de tout cela. Premièrement, l'existence de signes, d'affinités, de passe-temps, d'intérêts, de traits de personnalité, etc, qui peuvent vous donner beaucoup d'indices sur qui vous étiez dans le passé. Deuxièmement, les techniques actuelles utilisables pour accéder à vos souvenirs de vie antérieures. Troisièmement, comment gérer les émotions qui vont surgir durant tout le processus, ce qui est probablement la partie la plus difficile car ce processus dure parfois des mois, voire des années. Et quatrièmement, il est également important de faire des recherches historiques pour valider ces souvenirs. Mon premier livre Pandora's Box traite de tout cela. Mon deuxième livre est un essai sur les enfants qui ont des souvenirs de vies antérieures. Je l'ai écrit pour un concours littéraire et j'ai ensuite décidé de le publier aussi, car en espagnol nous n'avons rien sur le sujet.

Enfin, j'ai créé mon blog définitif, avec des liens vers tous ces sites et plus encore. Des années après que cette folie ait commencé, j'avais besoin de partager certains souvenirs, et je ne me souciais plus autant du secret et de la vie privée. Je me bats parce que je veux que la réincarnation soit considérée comme un phénomène universel et naturel, et je pense que je dois montrer l'exemple et en parler sans craindre d'être jugée ou moquée. Souvent je pense que tous mes efforts sont inutiles ici en Espagne, mais au moins j'essaie d'apporter de la lumière et de rendre tout cela plus abordable.

- Vous êtes espagnole vous-même, et vous disiez qu'il est difficile de parler de réincarnation en Espagne ou chez les hispanophones en général. Pensez-vous que c'est vraiment plus difficile que dans d'autres pays? Comment l'expliqueriez-vous?

Ana Maria del Rio :

Je pense que notre culture est la principale raison, en particulier l'éducation religieuse que nous avons reçue. J'ai reçu une éducation catholique comme 99% des espagnols, mais j'ai rejeté le catholicisme juste après ma première communion (je suppose que ma vie cathare y est pour beaucoup). Mais ce n'est pas commun chez mes compatriotes. Il y a un phénomène curieux cependant: généralement les gens diront simplement qu'ils croient qu'il y a une forme de survie après la mort, peut-être qu'ils croient au Paradis comme l'Église catholique le décrit, mais si vous allez plus loin et leur posez des questions sur la réincarnation, ils admettront peut-être qu'ils y croient aussi. Par contre se souvenir de ses vies antérieures est une chose bien différente.

Ici, nous avons aussi une forte influence des groupes spiritualistes, que je considère comme religieux aussi. Vous savez, tous ces enseignements qui proviennent de soi-disant médiums qui communiquent avec les esprits, puis écrivent des livres sur la réincarnation. Par exemple, il y a ce Chico Xavier, un médium brésilien qui a écrit beaucoup de livres et qui a même eu un film sur lui. Les enseignements ésotériques de la théosophie sont également célèbres. Mais les écrits modernes sur la réincarnation, à l'exception de ceux de Brian Weiss, ne sont pas connus. Il est difficile de trouver quelqu'un qui connaît la recherche sur la vie entre les vies que Michael Newton a faite avec ses régressions. Encore plus difficile de trouver quelqu'un qui a étudié le travail de Ian Stevenson sur les enfants qui se souviennent de vies antérieures. Donc, dans la plupart des cas, tout ce qu'ils savent de la réincarnation ce sont des cas anecdotiques ou de simples croyances qui proviennent selon moi de sources peu fiables. Je suis probablement la seule dans mon pays à parler ouvertement et sérieusement de la réincarnation et des vies passées vues de ma propre expérience. Et je pense que c'est assez triste.

Les gens sont généralement agacés quand je dis cela, mais je pense que nous avons environ 25 ans de retard sur les autres pays. Par exemple j'ai découvert il y a quelques jours à peine que le livre Soul Survivor de Bruce et Andrea Leininger, où ils décrivent en détail le cas de James Leininger, vient juste d'être traduit en espagnol. Ce cas a eu lieu à la fin des années 90 (certaines personnes chanceuses ont pu le suivre directement sur le forum de Carol Bowman) et le livre a été publié pour la première fois en 2009. Maintenant avec Internet les choses vont un peu plus vite, mais nous avons encore du chemin à parcourir.


- Comment vivez-vous avec vos nombreux souvenirs de vie passées au quotidien? Ces expériences ont-elles changé votre vie d'une manière ou d'une autre?

Ana Maria del Rio :

Au début, c'était assez difficile de gérer mes souvenirs. Je recevais un tsunami (comme j'aime à l'appeler) de souvenirs et d'émotions, tout en même temps. Et malgré cela je n'en avais jamais assez. Se souvenir des vies passées peut être un peu addictif, c'est comme si vous réalisiez soudainement que vous avez un pouvoir, et c'est tellement incroyable quand vous faites une très bonne régression et que vous pouvez tout voir comme dans un film. Le bon côté est que votre mental semble contrôler la quantité d'informations que vous pouvez digérer dans un temps donné. Il arrive donc un moment où vous n'obtenez pas plus de nouveaux détails et vous pouvez même vous sentir bloqué. Je suppose que cela arrive quand vous avez vraiment besoin d'arrêter et de digérer les souvenirs que vous avez déjà. Et comment fait-on ? Eh bien, c'est probablement la partie la plus compliquée du processus. Lorsqu'un événement traumatisant est en cause, vous devez utiliser les mêmes outils psychologiques que vous utiliseriez si l'événement s'était produit hier. L'événement a pu se produire il y a 300 ans, mais les émotions que vous avez à résoudre sont bien dans le présent, et elles vous causent de la douleur, du stress, de la rage, de la tristesse ou autre, et c'est maintenant. C'est ce que beaucoup de gens ne comprennent pas. Nous ne vivons pas dans le passé quand nous nous souvenons ; au contraire, le passé est en nous maintenant, et nous ne pouvons pas l'ignorer. Nous pouvons avoir des symptômes de stress post-traumatique provenant d'événements que nous avons vécus pendant la Seconde Guerre Mondiale, peu importe si nous sommes morts et vivons de nouveau maintenant. J'ai découvert que beaucoup de mes symptômes comme l'anxiété et la dépression venaient de ma vie d'infirmière tchèque dans les années 30. J'étais en pleine guerre, j'ai vu beaucoup de sang, j'ai vécu un bombardement, la peur d'être tuée d'une seconde à l'autre était toujours là. Et comme je suis morte trop jeune, je n'ai pas eu le temps de traiter toutes ces émotions, et la dépression a été transmise aux vies suivantes (je sais aussi que j'avais des problèmes d'anxiété et de colère dans ma vie pendant la guerre froide en tant qu'ingénieur allemand travaillant pour l'armée américaine). J'ai été aussi une femme maltraitée au 19ème siècle, et j'ai découvert que certains problèmes que j'avais dans ma relation amoureuse découlaient directement de cela. Si vous étiez une femme maltraitée, tout ce qui peut être utile pour une femme maltraitée aujourd'hui vous sera également utile. Avant de connaître quoi que ce soit de mes vies passées, je n'ai jamais voulu utiliser le mot «mari» pour mon partenaire, et bien sûr je n'ai jamais souhaité me marier. Quand j'ai su que mon mariage dans le passé avait été un vrai cauchemar, j'ai tout compris. Je dis souvent qu'il n'y a pas de coïncidence, et des choses comme celles-ci le prouvent.

Parfois les traumatismes ne sont pas si importants et vous avez juste la nostalgie du passé. C'est ce que j'ai appelé le "past life mood" (ndlr : qu'on pourrait traduire par « la mélancolie des vies passée »). Il est souvent déclenché par les événements actuels, les films, les lieux que vous visitez, qui vous rappellent ces vies passées que vous avez vraiment appréciées. Pendant quelques jours, vous semblez être perdu dans le passé avec la nostalgie de personnes ou de choses que vous avez faites ... J'aime vraiment ces moments, mais bons ou mauvais, ils ne durent pas longtemps.

Bien sûr, me souvenir de vies antérieures m'a changée. Ce n'est pas un remède miraculeux pour tout, comme certains pourraient le penser. Je ne crois pas à la «guérison de l'âme» ou à d'autres choses de ce genre, mais je crois que cette expérience vous change spirituellement d'une manière que seuls quelques-uns peuvent comprendre. Cela fait disparaître la peur de la mort, mais vous apprenez aussi la vraie valeur de la vie. Vous commencez à apprécier chaque être vivant qui partage la planète Terre avec nous. Vous comprenez que nous sommes tous connectés. Vous comprenez que chaque vie que nous vivons n'est qu'un chapitre d'une histoire sans fin dans laquelle vous pouvez être qui vous voulez et faire ce que vous voulez, mais il est important de causer le minimum de souffrances chez les autres.

Me souvenir de mes vies passées a eu au moins pour conséquence de me faire comprendre que mes problèmes actuels n'étaient pas vraiment importants par rapport à ce que j'avais vécu dans d'autres vies. Cela m'a montré que j'étais plus forte que je ne le pensais. J'ai alors réalisé quelle personne je suis vraiment, avec mes défauts et mes erreurs. Je ne suis qu'un être humain mais tout va bien, nous ne sommes pas là pour être parfaits. Nous sommes ici pour tomber et nous relever, peu importe combien de fois. Parfois nous nous jugeons nous-mêmes trop durement, mais nous méritons tous une seconde chance. J'ai donc appris à être plus patiente et tolérante avec les autres. Il y a toujours des moments où vous souhaiteriez revenir à l'état d'ignorance, mais se souvenir de ses vies antérieures a tellement d'avantages, c'est si impressionnant que je ne peux qu'encourager tout le monde à commencer son propre voyage.


- A part les régressions dans les vies antérieures, avez-vous eu d'autres expériences spirituelles dont vous pouvez parler?

Ana Maria del Rio :

Je dis toujours aux gens de commencer leurs propres voyages parce que je sais qu'ils auront beaucoup de surprises, plus qu'ils ne peuvent imaginer. C'est ce qui m'est arrivé. Non seulement j'ai fini par croire aux âmes sœurs et aux guides spirituels, entre autres, grâce à mes expériences, mais après environ un an de méditation régulière, j'ai commencé à avoir des expériences spontanées de sortie hors du corps (OBE, Out of Body Experience), bien qu'au début je ne sache pas de quoi il s'agissait. Dans ce groupe Facebook sur les EMI, j'ai trouvé une femme qui écrivait un livre sur les OBE et elle m'a dit de contacter des personnes ayant une expérience directe et qui pourraient m'aider. J'ai appris les techniques pour avoir des OBE volontaires et je me suis entraînée pendant un certain temps car je voulais voir par moi-même si tout ce que j'avais entendu à leur sujet était vrai. Et le résultat ne fut pas long à venir. Le jour où j'ai pu voir mon propre corps physique allongé sur le lit alors que j'étais là debout, pensant: «Wow, c'est mon corps ... Alors, c'est ça? Bon, qu'est-ce que je fais maintenant ? », ça a été aussi une expérience spirituelle très profonde. J'ai ressenti une sorte de détachement qui m'a fait comprendre à quel point nous sommes tellement plus que notre moi actuel.

J'ai aussi rencontré une maîtresse de reiki sur mon forum et elle m'a initiée, et donc maintenant je pratique également le reiki, principalement sur les animaux de la famille, les proches et moi-même. J'ai eu quelques expériences curieuses avec le reiki qui me font penser que nous sommes vraiment des êtres d'énergie et que nous pouvons apprendre à l'utiliser pour soigner nos blessures de l'âme.


- Voulez-vous ajouter un mot personnel?

Ana Maria del Rio :

Juste merci pour cette interview et cette opportunité de parler de la réincarnation et des vies antérieures. C'est toujours un plaisir de trouver des personnes partageant les mêmes idées avec des expériences similaires à la mienne. Si quelqu'un souhaite partager ses propres expériences, ou est juste curieux d'en savoir plus, n'hésitez pas à me contacter sur l'un des sites ci-dessus ou à travers Past Lives Project. Il devrait y avoir plus d'endroits comme celui-ci.


- Je vous remercie. 

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