Après y avoir réfléchi
un peu, finalement je ne compte pas exposer mes régressions et ce
que j'en ai retiré dans l'ordre où je les ai effectuées. Ca risque
d'être trop fragmenté, pas très agréable à lire. Il faut que je
mette ça un peu en forme (sûrement mon côté narrateur d'histoires
!). Je vais plutôt regrouper ça par vie antérieure concernée ou
par thème, ce sera plus logique. Je vais organiser les chapitres
autour d'une ou plusieurs vies qui apporteront un éclairage sur un
thème particulier.
Le chapitre suivant sera
donc consacré à deux vies, qui mises bout à bout, mettent en
lumière un principe fondamental lié à la réincarnation, le karma.
Je me remets en situation,
et me voici au bord d'une nouvelle expérience. Vous connaissez
maintenant le principe, il faut que je traverse mentalement le tunnel
du temps. Lorsque je sors de ce tunnel, je me retrouve dans le passé.
Il faut quelques instants pour que la scène où je me trouve
apparaisse en se construisant par étapes. D'abord la sensation du
vent sur mon visage, je me déplace vite en avant. Puis des hautes
herbes qui défilent autour de moi. Je suis sur une route, monté sur
un cheval qui galope. Je porte une tunique claire et une cape qui
vole au vent. Je ne suis pas grand, plutôt trapu et bien en chair,
les bras velus. Je porte une courte barbe taillée et des cheveux
bruns courts. Un nom me vient à l'esprit : Gracius. Je suis
romain. Des informations commencent à surgir comme ça. Je suis
militaire, un petit gradé, sans doute centurion. Je galope vers une
cité gauloise. Je suis dans la période de la conquête de la Gaule,
dans le sud-est du pays, vers le territoire d'une tribu nommée
« gaturi » ou quelque chose comme ça. J'ai toujours ce
problème de perception des mots, comme si on les prononce avec une
patate chaude dans la bouche.
Puis j'avance dans le
temps et je me retrouve ailleurs. Je suis debout à l'entrée d'une
tente, face à une étendue herbeuse. Je suis dans un campement
militaire, sûrement provisoire. L'intérieur de la tente n'est pas
aménagé pour y loger, il fait un peu sombre. Dans la pénombre je
vois une silhouette allongée sur une couche surélevée. Je m'en
approche et je vois distinctement ses pieds nus. C'est une femme, une
prisonnière gauloise attachée sur une sorte de table de torture. Je
suis en sueur, j'ai envie d'elle. J'approche une main de son pied
blanc, c'est tout ce que je vois. Je brûle de désir pour ce corps
soumis à ma volonté. Et chiotte ! Je sens que je ne vais pas
me retenir et que je vais la violer.
Et c'est là que j'ouvre
les yeux d'un coup, dans ma chambre, dans le présent. La vache !
J'ai du mal à réaliser ce que je viens de voir. J'essaie de
comprendre. Ce centurion romain c'était bien moi. Et pourtant je me
sens incapable de faire un truc pareil aujourd'hui. Cette régression
me hanta et resta incompréhensible pour moi quelques temps. Jusqu'à
une autre régression, plus tard, ou la vision d'une nouvelle vie
m'apporta des réponses.
Je sors de nouveau du
tunnel du temps. Cette fois mon environnement est serein, silencieux.
Je suis agenouillé par terre, habillé d'un vêtement ample et
clair. J'ai une barbe et des cheveux longs. Je suis dans un cercle de
plusieurs personnes dans la même position que moi et d'apparence
semblable. Nous sommes en pleine prière et méditation, dans une
lumière diffuse. De grands arbres nous entourent. Nous sommes dans
une sorte de sanctuaire au cœur de la forêt. C'est un lieu sacré
pour nous, nous sommes des druides gaulois, prêtres et gardiens de
la connaissance de notre peuple. Je pense que mon nom est Loïk.
L'image change et m'envoie
à un autre moment de cette vie. Je suis toujours agenouillé, cette
fois face au tronc et aux racines noueuses d'un arbre immense. A
terre devant moi repose un animal, agneau ou chevreau, je ne sais
pas. Je tiens une sorte de grand couteau à large lame. Je vais faire
un sacrifice à nos dieux, au nom de la communauté. D'ailleurs je me
rends compte que derrière moi, une partie de la tribu est réunie
pour assister au rituel, femmes et hommes de tous âges. Et j'abats
le couteau sur l'animal.
La scène change alors de
nouveau. Je suis toujours dans la forêt, mais maintenant je suis
vieux, ma barbe a blanchi et je suis amaigri. Et puis je me rends
compte que j'ai un problème de vue, c'est perturbant. Et je
comprends d'un seul coup : je suis borgne, j'ai un œil laiteux.
Je suis assis au pied de mon arbre, alors que quelqu'un approche à
travers la forêt. C'est une jeune femme, une amie. Elle s'agenouille
et ouvre sa besace pour me donner un peu de nourriture. C'est comme
ça que je survis, seul au fond de la forêt. Ce n'était pas comme
ça avant. Avant je vivais au village avec les autres et la forêt
était notre église. Aujourd'hui je ne peux plus vivre parmi les
miens et pratiquer notre religion. Les romains nous en empêchent et
nous persécutent. Je n'ai pas d'autre choix que de me cacher en
vivant en ermite. Heureusement des personnes comme cette jeune femme
prennent encore soin de moi.
La régression s'arrêta
là. Voilà donc le druide gaulois Loïk, persécuté par les
romains, qui doit se terrer au fond de la forêt. Et Gracius le romain, lui, a
participé à la conquête de la Gaule et torturé des prisonniers.
Ces deux hommes sont de parfaits opposés. Et pourtant ils sont
censés être l'incarnation de la même âme, la mienne. Comment
c'est possible ?! D'abord, il faut constater qu'habituellement
on ne se souvient pas de ses vies antérieures (il y a des
exceptions, c'est clair). On vit sa vie sans se souvenir qu'on en a
vécu une autre avant. On peut alors suivre une voie bien différente
de sa vie précédente en fonction des circonstances, des
opportunités, et des influences culturelles et sociales. Ce n'est
pas la seule explication, mais avant d'aller plus loin sur ce sujet
de l'antagonisme des deux hommes, je vais ajouter quelques détails
les concernant. Car j'ai eu des informations supplémentaires par
d'autres régressions et quelques recherches historiques.
Concernant Gracius, je
pense qu'il a vécu pendant la Guerre des Gaules ou peu après,
c'est-à-dire au 1er siècle avant JC. Au début je croyais m'être
trompé sur son nom et que ça devait plutôt être Gracchus, un
prénom connu chez les romains. Mais j'avais nettement entendu (pour
une fois) Gracius. J'ai donc cherché un peu et il s'avère que ce
prénom aurait vraiment existé à l'époque. Quant au nom
« gaturi », celui de la tribu gauloise, j'ai aussi
cherché si ça correspondait à quelque chose. Et j'ai trouvé les
Caturiges, qui était une tribu gauloise des Hautes-Alpes dans la
vallée de la Durance. Ca collait avec ce que j'avais perçu. Après
j'ai revu quelques scènes de vie du centurion avec certains de ses
collègues militaires que j'ai recroisés ensuite dans d'autres vies,
je le sais maintenant.
J'ai vu aussi Gracius
fréquenter un jeune homme, un bel éphèbe avec qui il avait des
relations homosexuelles. Ca m'a un peu choqué sur le coup, moi,
hétérosexuel convaincu ! Mais après tout, les romains ne
faisaient habituellement pas de distinction de sexe dans les
relations amoureuses, c'est avéré scientifiquement. Tout est donc
normal, et j'ai dû m'y faire. Et ça m'a même obligé à réfléchir
à la question. Jusque-là j'avais une tolérance, mais une
incompréhension de l'homosexualité. Aujourd'hui je crois que j'ai
évolué à ce sujet... les bienfaits des régressions !
Par ailleurs, j'ai vu
aussi une période plus tardive de la vie de Gracius, où il n'était
plus militaire. C'était en Afrique du Nord ou au Proche-Orient,
peut-être aux environs de la venue de Jésus. Mais je n'ai pas plus
d'informations à ce sujet.
Passons à Loïk le
druide. Il a dû vivre après Gracius, à l'époque de la domination
romaine en Gaule. Au début de l'occupation les druides n'étaient
pas persécutés, les romains étaient tolérants avec les cultures
des peuples soumis. Puis avec les années leur attitude s'est durcie.
J'ai retrouvé un texte de Pline l'ancien, écrivain romain, qui dit
au sujet de l'empereur Claude qu'« Il abolit entièrement dans les
Gaules la religion cruelle et barbare des druides, qu’Auguste
n’avait interdite qu’aux citoyens […]. ». L'empereur Claude
régna de 41 à 54 après JC. Loïk a donc dû vivre pendant ou après
cette période, et si Gracius a bien vécu au 1er siècle avant JC,
il a donc dû se réincarner en Loïk à peine quelques décennies
après sa mort.
Les gaulois sont des
celtes, vous le savez (Non ? Alors maintenant c'est le cas). Les
druides étaient entre autres fonctions les prêtres de la religion
celtique. Je voudrais revenir sur le sacrifice que j'ai vu dans cette
régression. A l'époque où je l'ai faite, j'ai fait des recherches
et je me souviens que la communauté scientifique était partagée :
la plupart refusait d'admettre que les celtes pratiquaient le
sacrifice. Ce que j'avais vu n'était pas fiable historiquement, il y
avait de quoi se poser des questions mais j'étais sûr de moi. Or
aujourd'hui, vingt ans plus tard, je lis dans les articles
scientifiques sur les druides que le sacrifice faisait bien partie de
leurs rituels. C'est à présent un fait établi, et ça renforce
d'autant plus mes convictions !
Revenons maintenant au
thème principal de ce chapitre, ce qui oppose Gracius le romain et
Loïk le druide. Si j'ai parlé de ces deux vies, c'est parce
qu'elles illustrent parfaitement un phénomène indissociable de la
réincarnation, le karma. Le karma est un terme sanskrit (une langue
morte d'Inde), et c'est un principe qu'on retrouve dans l'hindouisme,
le bouddhisme, et d'autres religions d'Asie. C'est une notion
complexe, que je vais essayer d'expliquer simplement sans la
dénaturer, telle que je la comprends et avec mes propres mots.
Le karma est à la fois
une conséquence et une cause de la réincarnation. C'est le principe
par lequel tout acte ou intention provoque une réaction en retour à
l'envoyeur. C'est l'illustration des adages tirés de la Bible :
"Mais si malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil pour œil,
dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour
brûlure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure."
et « tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée ».
Les premiers rédacteurs de la Bible croyaient-ils à la
réincarnation ? C'est un autre débat.
Mais même si je fais
référence à la Bible, pour moi le karma n'a rien à voir avec la
notion de bien et de mal. Je vois plutôt ça comme les vagues créées
par une pierre qui tombe dans l'eau. Toute intention, bonne ou
mauvaise, génère des ondes de la même façon. Et ces ondes
reviennent à intervalles variables à leur point de départ. Plutôt
que bien et mal je préfère utiliser les termes taoïstes de yin et
yang. A mes yeux, le taoïsme n'est pas manichéen et moralisateur
comme d'autres religions et je trouve ça plus réaliste. Le yin et
le yang sont deux pôles par rapport à un équilibre, comme le moins
et le plus en électricité et magnétisme, le froid et le chaud, le
féminin et le masculin, la nuit et le jour, etc. Quand ces deux
pôles se neutralisent on est à l'équilibre. Si l'équilibre est
brisé et que l'on penche vers le yin ou le yang, il finira par se
rétablir en faisant des variations alternées entre les deux pôles.
C'est comme quand on utilise une boussole. L'aiguille aimantée va
osciller à droite et à gauche alternativement jusqu'à s'arrêter
dans la direction du nord magnétique. Les vagues générées par la
pierre tombant dans l'eau sont des oscillations entre le yin et le
yang, qui finissent par s'arrêter à l'équilibre lorsque l'eau
redevient plane. Je crois que c'est la meilleure explication que j'ai
trouvée pour la loi du karma. Elle est toute personnelle, je ne l'ai
vue nulle part ailleurs, mais je trouve qu'elle résume bien le karma
qui vous revient en pleine face par vagues sur plusieurs vies. Celui
qui tue par l'épée périra par l'épée, celui qui donne à autrui
recevra d'autrui, et celui qui est bourreau ou persécuteur dans une
vie sera probablement victime ou harcelé dans une autre vie. Et
voilà pourquoi le romain est revenu vivre dans la peau du druide. On
peut aussi constater l'existence du karma dans une même vie. La vie
n'est pas un long fleuve tranquille, c'est une succession de beaucoup
d'actes et de décisions qui trouvent leur retour dans la vie
présente. Je pense que seuls les karmas non résolus et les plus
importants suivent l'âme au-delà de la mort. Dans le cas de
Gracius, ses actes cruels ont eu des conséquences qui se sont
manifestées dans sa vie suivante. Il s'est retrouvé lui-même dans
la peau du persécuté. Et ça sert à quoi me direz-vous ? A le
punir ? Non, bien sûr. Le karma donne l'occasion à l'âme de
tirer une leçon de ses actions. L'âme de Gracius a eu la
possibilité d'apprendre de ses erreurs, et ce même sans se souvenir
consciemment de sa vie antérieure, car la conscience profonde, elle,
emmagasine tout. Est-ce qu'elle a compris ? Pas sûr. Car sans
rentrer dans des détails intimes, je peux dire que les actes commis
par le centurion romain ont affecté encore ma vie d'aujourd'hui,
psychologiquement et physiquement. Ca aurait même pu être fatal. Je
n'en dirai pas plus parce que je ne me sens pas prêt à dévoiler ma
vie privée actuelle plus que ça. Parler de ses vies antérieures
est une chose, parler du présent en est une autre. En tout cas, ça
montre que même en ayant connaissance des problèmes de ses vies
antérieures, il y a quand même du travail à faire sur soi dans le
présent pour tout résoudre.
Je disais plus haut que le
karma est la conséquence mais aussi la cause de la réincarnation.
Et oui, si après la mort l'âme se retrouve déséquilibrée entre
yin et yang avec des dettes karmiques, elle aura besoin de rétablir
l'équilibre en retournant dans le monde matériel. Elle pourra alors
subir ses retours de vagues. Encore une fois cette explication est
toute personnelle, mais elle a pour moi l'avantage d'éviter un
quelconque jugement céleste, trop arbitraire à mon goût. Et Dieu
dans tout ça, me direz-vous ? A-t-il sa place dans cette
histoire de réincarnation ? Vaste débat, j'essaierai d'y
répondre plus tard. En tout cas vous remarquerez que dans le
christianisme on pèse les âmes sur une balance après la mort. La
notion d'équilibre est là. La religion chrétienne comporte
beaucoup de vérités qui ont simplement été déformées avec le
temps.
Vu comme ça, le karma
serait presque un principe mécanique. Mais quand on retrouve ses
vies antérieures il y a bien plus que ça. Il y a parfois une force
émotionnelle qui a elle seule vous fait dire que ces souvenirs sont
bien réels. C'est ce que je montrerai dans le prochain article, avec
une autre vie sur laquelle j'ai beaucoup de détails.
Et bien j'ai le bec cloué. Car ton explication du karma dans cet article est exactement la conclusion a laquelle je suis arrivée moi-meme dans ma compréhension du cycle de vie et des épreuves qu'on doit affronter jusqu'a notre mort et audela. Et bien évidement, lorsqu'on croit a la réincarnation et donc à éternité comme l'appel les catholique. il faut prendre cet équilibre en considération parfois sur plusieurs vie...
RépondreSupprimerC'est rassurant de lire quelqu'un qui par son propre parcours, en arrive aux memes conclusions que moi.
Tres bon article Guillaume. Merci pour ce magnifique partage.
Ben je suis agréablement surpris moi aussi de voir qu'au moins une autre personne est arrivée à la même conclusion que moi. Après je ne prétends pas détenir la vérité, c'est un phénomène complexe qu'il est difficile de définir en quelques mots. Mais c'est la meilleure explication que je trouve à mes observations, pour le moment.
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