1- ici et maintenant, le pourquoi de ces révélations

Les lignes d'éoliennes au loin et leurs lumières clignotantes, le bruit des voitures qui défilent sur la route, les petites maisons toutes semblables avec leurs toits couverts de panneaux solaires, tout ce qui m'entoure semble tout droit sorti d'un film d'anticipation. Je me croirais dans une production de Spielberg !

Mais où sont donc les anciens remparts assiégés, les moines dans leurs abbayes, les jeunes filles en jupons sur les balançoires, les statues antiques, les sanctuaires dans les forêts profondes, les drakkars fendant les flots, les anciennes bibliothèques... Je vois défiler les siècles devant mes yeux.

C'est une soirée nuageuse dans la campagne française, et j'ai l'impression bizarre de me retrouver d'un seul coup ici et maintenant, comme si je découvrais ce vingt-et-unième siècle pour la première fois. Pendant un instant j'étais ailleurs, parti. Je reprends doucement pied dans le présent, et je reprends conscience des gens et des conversations autour de moi. Aujourd'hui c'est pas la joie. C'étaient les funérailles de mon plus petit frère, disparu tragiquement dans un accident stupide.

On dirait que mon esprit s'est échappé un moment de la réalité. Sûrement la décompression après les émotions de la journée. Des images du passé me sont revenues en pleine face. Et la confrontation avec le présent me fait prendre conscience de la futilité de ce monde, comme un coup de poing. Notre vie quotidienne pressée nous embourbe dans le matérialisme. Je me sens comme esclave d'une société où les maîtres mots sont le plaisir et la performance. Il en faut toujours plus, il faut tout faire plus vite, mieux que l'autre, il faut être au top, toujours plus productif et avec le sourire s'iou plaît. Avec cette compétition permanente on a essoré notre planète, épuisé ses ressources. Nous vivons à crédit de notre Terre. Et qui dit mieux, on gaspille même ces ressources sans être capable de les répartir équitablement. C'est chacun pour soi ! Les guerres économiques ont largement remplacé les guerres militaires. Et elles ont fait de l'être humain une matière première, une variable d'ajustement, un chiffre dans les bases de données. L'espèce humaine est devenue un danger pour la planète et pour elle-même.

Mais allez, gardons le sourire, tout n'est pas perdu ! Il reste une lueur d'espoir. Aujourd'hui les consciences s'éveillent et l'humanisme n'est pas encore mort. La spiritualité n'a pas disparu non plus. Elle n'est juste plus le monopole des religions. Les gens cherchent un sens à leur vie. Les philosophies alternatives et les disciplines énergétiques sont en plein boum : yoga, sophrologie, qi cong, reiki, etc. Même dans le domaine de la science on commence à entrevoir que notre réalité n'est pas tout à fait ce que l'on croyait. L'exploration du cœur de la matière, des confins de l'univers, et des mystères de l'esprit nous montre de nouvelles choses étonnantes. Le monde n'est pas vraiment tel qu'on nous l'a appris depuis des décennies. Le vingt-et-unième siècle pourrait bien être un tournant, et peut-être qu'on évitera de foncer dans le mur.

Vers mes vingt ans (ça fait un bail, aïe), j'ai vécu une expérience psychique et spirituelle qui a bouleversé ma vision du monde. J'ai découvert la réincarnation et revu mes premiers souvenirs de vies antérieures. Incroyable ! C'est le mot, non ? Et j'ai eu du mal à y croire aussi. J'ai tout fait pour vérifier ce que j'avais vu, et les indices que j'ai récoltés m'ont convaincu. C'est une réalité, notre existence est une succession de vies, de morts et de naissances. Cette expérience m'a permis de mieux comprendre ceux qui m'entouraient, et surtout de mieux me comprendre moi-même. « Connais-toi toi-même » dit le précepte grec, et il a bien raison, le bougre ! C'est la clé de tout. Cette découverte n'était que le début d'un cheminement spirituel et philosophique. Mais bon, à l'époque je n'ai pas pu le poursuivre. Il fallait trouver un boulot, une maison, fonder une famille, et je me suis engagé dans ces choses comme tout le monde. Il restait peu de place, et de temps surtout, pour la méditation et la réflexion. Si vous avez des gosses vous savez de quoi je parle ! Et pourtant je sentais que je devais partager ce que j'avais découvert. Le doute m'habitait encore parfois, bien sûr, mais ça ne durait jamais et quand il s'effaçait je savais que j'avais un message à faire passer.

Après des années j'ai fini par trouver un moyen d'évoquer ce que j'avais envie d'exprimer. C'est à travers la bande dessinée que je l'ai fait (la BD était ma passion depuis toujours), par une histoire de fiction dont le fondement reposait sur les convictions que je souhaitais transmettre. Par mes bouquins je pouvais faire passer mon message subtilement. Mais il faut le reconnaître, c'est très long et le résultat est hasardeux. Il n'y a sûrement qu'une minorité de lecteurs chez qui je susciterai une vraie réflexion. Les autres prendront ça à la légère, c'est le revers de la médaille quand on passe par la fiction. Mais j'étais assez modeste et patient.

Et voilà, bam ! La vie me balance une baffe dans la gueule, un cruel avertissement. On n'a pas le temps de faire les choses timidement, il faut se lancer pleinement. Je crois que je n'ai plus le choix, je dois dire les choses telles qu'elles sont, avec les tripes et mettre mon âme à nu. Il reste à trouver comment le faire. Ecrire un livre, publier un blog, c'est bien, mais je ne veux pas passer pour un donneur de leçons. Alors comment faire ? Le plus simplement du monde : je dois juste raconter ce qui m'est arrivé de manière très terre à terre et sincère. Comme ça, pas à pas, vous pourrez suivre le chemin qui m'a amené où j'en suis, ici et maintenant.

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